« Moins on impose de contraintes à un chien, moins on a de problèmes. »
Michel Chanton, éthologue

Dire « NON » : pourquoi ce n’est pas si clair… pour le chien

Mes clients sont souvent surpris de constater qu’il est possible de modifier plusieurs comportements chez leur chien sans jamais avoir à dire “NON!”.

Pour le chien, le mot « NON » signifie généralement quelque chose comme :« Humain pas content »

…mais il ne sait pas exactement ce qui pose problème.

Répété souvent, sans conséquence claire ni indication sur ce qu’il doit faire à la place, le « NON » peut :

  • perdre totalement sa signification (le chien n’y fait plus attention), ou

  • augmenter le niveau d’excitation et de confusion du chien.

Dans les deux cas, on en arrive facilement à la conclusion :

« Il ne veut rien entendre ! »

Le « NON » : un signal peu éducatif

Utilisé de manière générale, le « NON » n’est pas un outil d’apprentissage précis, car le chien ne peut pas deviner l’intention exacte derrière ce mot, surtout s’il est utilisé dans tous les contextes.

Voici quelques exemples de ce que « NON » peut vouloir dire, selon l’humain :

  • « NON ! » = il ne faut pas faire « ça ».

  • « NON, TU LAISSES » = abandonne et passe à autre chose.

  • « NON, DOUCEMENT » = continue, mais de façon plus calme.

  • « NON, AÏE » = tu me fais mal.

  • « NON, STOP, C’EST FINI » = on arrête toute interaction.

  • « NON, C’EST TERMINÉ » = tu n’en auras plus.

Même mot, significations multiples.
Pour le chien, c’est flou. Pour apprendre efficacement, il a plutôt besoin de repères clairs et cohérents.

Se poser la vraie question : que voulons-nous enseigner?

Voulons-nous que le chien vive dans un environnement où il entend surtout ce qu’il ne doit pas faire, au risque d’avoir l’impression de marcher dans un champ de mines?

Ou préférons-nous lui montrer ce qu’il peut faire, c’est-à-dire lui indiquer la bonne conduite à adopter et la renforcer, afin qu’il soit :

  • moins confus,

  • plus calme,

  • et plus sûr de lui dans ses interactions avec nous?

Récompenser et rediriger plutôt que simplement interdire

Je propose souvent à mes clients de garder un principe en tête :

Chaque « NON » devrait être suivi immédiatement d’un « BON CHIEN! ».

Concrètement :

  • Le chien saute sur vous :

    • il saute → vous dites « NON ».

    • il remet les pattes au sol → vous marquez et récompensez ce comportement (par la voix, une caresse, une friandise, ou en lui demandant « assis » puis récompense).

  • Le chien veut monter sur le canapé :

    • vous dites « NON, DESCENDS ».

    • vous lui proposez une alternative claire : un coussin, un tapis, son panier, puis vous le récompensez quand il s’y installe.

L’idée est simple :
👉 ne pas s’arrêter à l’interdit,
mais proposer une option acceptable et renforcer celle-ci.

Quand le « NON » renforce… ce que l’on veut éviter

Employé seul, le « NON » peut aussi renforcer le comportement indésirable, surtout lorsqu’il s’agit d’une demande d’attention.

Exemple :
Votre chien, par ennui ou surplus d’énergie, attrape le bas de votre pantalon. Vous réagissez :

  • « NON! » répété plusieurs fois,

  • gestes brusques pour le repousser.

Du point de vue du chien, tout cela peut ressembler à un jeu très stimulant : vous bougez, vous parlez fort, vous le regardez. Il peut alors associer :

« Attraper le pantalon = interaction excitante avec humain »

Dans ce cas, le « NON » devient presque un signal de jeu.

Une alternative plus efficace :
👉 proposer immédiatement un jouet approprié ou un os à mâcher.
On redirige le comportement vers un objet acceptable, beaucoup plus clair pour le chien… et votre pantalon devient soudain beaucoup moins intéressant.

Le timing : ce que le chien comprend vraiment

Le chien associe toujours ce que vous dites à ce qu’il est en train de faire, dans l’instant.

Si vous rentrez à la maison et découvrez une chaussure déchiquetée, puis la lui mettez sous le nez en disant :

« NON! NON! NON! »

il y a de fortes chances qu’il comprenne plutôt :

« Quand papa rentre, il n’est pas content. »

Le lien avec la chaussure rongée, lui, est très peu probable.
La meilleure prévention, ici, reste la gestion de l’environnement : ne pas laisser d’objets à risque à portée, surtout chez un jeune chien ou un chien qui explore.

En pratique : que faire du « NON »?

  • Il est compréhensible que dire « NON » soit une habitude bien ancrée.

  • Si l’idée de ne plus l’utiliser du tout semble irréaliste, on peut au moins :

  1. Diminuer sa fréquence,

  2. Réserver le “NON” aux “grandes occasions” : danger, urgence, situation exceptionnelle,

  3. Et surtout, penser en termes de redirection et de renforcement :

    • Que veux-je qu’il fasse à la place?

    • Comment puis-je l’aider à réussir ce comportement?

    • Comment vais-je le récompenser quand il le fait?

Ainsi, le « NON » conserve un impact réel, et le chien est davantage guidé vers les comportements que l’on souhaite voir se répéter.